Le célèbre cartographe Martin Waldseemüller, décédé en 1520, a réalisé une grande carte du monde en 1507, la première à appliquer le nom "Amérique" au Nouveau Monde, et une autre neuf ans plus tard en 1516, sa Carta marina. Au cours de ces neuf années, il a complètement changé ses idées sur ce que devait être une carte du monde : en réalisant sa Carta marina, il a mis de côté presque tout le travail qu'il avait fait pour sa carte de 1507, et a basé sa nouvelle carte sur une projection différente et des sources différentes, la rendant beaucoup plus riche en textes descriptifs et en images. De plus, alors qu'en 1507 il représentait les 360 degrés de la circonférence de la Terre, dans sa Carta marina, il ne montre que les parties qui étaient raisonnablement bien connues. En résumé, la carte était révolutionnaire.

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Dans le coin inférieur droit de la carte, Waldseemüller la signe ainsi, indiquant qu'il l'a réalisée à Saint-Dié et incluant à la fin (en bon humaniste) son nom en latin :

« [Cette carte] a été complétée dans la ville de Saint-Dié par la composition et l'arrangement de Martin Waldseemüller, Ilacomylus. »

Cette image du roi Manuel de Portugal, chevauchant un monstre marin et tenant le drapeau de sa nation, symbolise la découverte et la maîtrise par le Portugal de la route maritime reliant le Portugal à l’Inde en contournant l’Afrique. L’ouverture de cette route a conduit les Portugais à conquérir Cochin en 1505, Goa en 1510, Malacca en 1511, Hormuz en 1515, et ainsi de suite, établissant un réseau commercial solide qui ramenait les épices et d'autres précieuses marchandises asiatiques au Portugal.

La carte comprend un long texte sur Calicut (aujourd'hui Kozhikode) qui montre très clairement à quel point c'était un centre commercial important, et pourquoi les Portugais étaient si désireux de contourner l'Afrique pour y parvenir. Le textecommence ainsi :

  « La grande et royale ville de Calicut est le centre de commerce le plus animé et le plus célèbre de toute la Grande Inde. De différentes parties du monde, des marchandises y affluent, en particulier de l'Inde, de l'Arabie, de la Syrie, de l'Égypte, de la Perse, de l'Éthiopie, de Ceylan, de Sumatra, du Gujarat, de Cathay, de la Chine, de l'Inde au-delà du Gange, etc. Les marchandises qui y sont apportées incluent le musc, l'ambre, l'encens, le bois d'aloès, la rhubarbe, la soie, le clou de girofle, la cannelle, le bois de Brésil, le bois de santal, le camphre, la noix de muscade, le macis, le benjoin, la laque, et d'autres épices mineures, ainsi que divers types de pierres précieuses et de tissus. Les produits qui poussent près de Calicut et Cannanore incluent le gingembre, le poivre, le tamarin, la cardamome, le myrobalan, la casse fistule, la civette, le storax, etc…. »

À propos de l'île de Banda, Waldseemüller écrit :

« L'île de Banda, qui a une circonférence de 100 milles. Seule cette île produit de la noix de muscade et du macis. Les habitants sont indomptés, sauvages et rustiques ; ils n'ont ni loi ni roi. Tout chez eux, sauf leurs maisons, est très pauvre, car ils ne portent que des chemises. Ce sont des idolâtres caffrani. L'arbre à noix de muscade n'est pas cultivé mais pousse à l'état sauvage. »

Ce texte provient du récit de voyage de Ludovico di Varthema(1470-1517), qui était l’une des sources d’information préférées de Waldseemüller sur l’Asie du Sud-Est.

Concernant les Moluques, les célèbres îles aux épices, Waldseemüller écrit :

« Les . Cette île, ainsi que celles qui l’entourent, sont les seules à produire le giroflier. Les habitants sont gros, simples et rustiques, vivant comme des bêtes sans aucune loi. Le giroflier n’est pas cultivé, mais pousse à l’état sauvage. De là, il est transporté à Malacca et de là vers l’Occident. »

Ce grand bloc de texte répertorie les sources et les prix des épices disponibles à la vente à Calicut, en Inde. Par exemple, Waldseemüller écrit « La cannelle est envoyée de l’île de Ceylan, qui se trouve à 260 milles de Calicut. » Le fait qu’une si grande partie de la surface de la carte soit consacrée à ce sujet montre très clairement l’intérêt puissant de l’Europe pour le commerce des épices.